Le Bogolan

Bogolan Mali 1

Bogolan dans un village dogon au Mali (photo de Rogoyski)

Le bogolan est un tissus traditionnel qui trouve son origine au Mali et qui s’est propagé dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest. Ce tissus montre à quel point l’être humain est capable de  tirer partie de son environnement. En effet, il s’agit d’un tissus en coton teint naturellement avec des matériaux locaux. D’ailleurs son nom signifie “fait de terre” en bambara, qui est la langue la plus répandue au Mali.

La première caractéristique de ce tissus est qu’il est tissé à la main. Traditionnellement, les bandes de coton tissées sont étroites. Puis ces bandes sont cousues entre elles pour fabriquer des pièces plus grandes. Maintenant que les artisans utilisent des métiers à tisser, ils ont la possibilité de faire des pièces de tissus de plus grande largeur.

Métier à tisser au Mali

Métier à tisser au Mali (photo de Mary Newcombe)

Le tissu est d’abord teint en jaune avec une décoction de n’galama ou encore appelé bouleau d’Afrique.

Ecorces et feuilles utilisés pour la coloration

Feuilles et écorces utilisées pour teindre le tissu (photo de Rébecca)

 

Puis, il est séché au soleil.

Premier séchage du bogolan

Séchage après la première teinture à N’Domo (photo de Marian Bijlenga)

Après cette étape de séchage, le tissu jaune obtenu est appelé basilan. La teinture jaune issue des feuilles a la réputation d’avoir de nombreuses vertus médicinales. C’est pourquoi, le basilan est aussi surnommé le “medicine cloth” littéralement le “tissus médicament” !

Une fois le basilan séché, les artisans vont réaliser des dessins avec de l’argile ferrugineuse (c’est à dire contenant naturellement du fer). Il existe deux techniques pour obtenir cette argile. La première consiste à laisser fermenter l’argile pendant plusieurs semaines dans des jarres mises en terre. La deuxième consiste tout simplement à utiliser la boue du lit du fleuve Niger. Cette argile va colorer le tissus en noir grâce à une réaction chimique naturelle. Les dessins faits à l’argile seront indélébiles et auront une couleur noire intense. Ce n’est que lorsque le basilan est teint en noir, que le tissu est appelé le bogolan.

Plusieurs méthodes sont utilisées pour réaliser ces dessins. Ils peuvent être fait au moyen d’un pinceau :

– à main levée

Dessin de Bogolan réalisé au pinceau

Réalisation des dessins au pinceau (photo de Marian Bijlenga)

– ou à l’aide de pochoirs.

Réalisation de dessins au pochoir

Touristes réalisant des dessins au pochoir lors d’un atelier de formation (photo de Mary Newcombe)

Les autres outils utilisés pour réaliser les dessins sont des “stylets” en plastique.

réalisation dessin au stylé

Réalisation de dessins à l’aide d’un “stylet” en plastique (photo de Marian Bijlenga)

Parfois des animaux séchés (comme des poissons ou des grenouilles) sont recouverts d’argile et utilisés comme des tampons.

Les bogolans traditionnels sont noirs et jaunes. De nos jours, d’autres couleurs ont fait leur apparition. Le marron clair est obtenu avec des décoctions d’écorces de néré (arbre local). Le marron foncé provient du mélange du n’galama avec de l’argile. La décoloration, réalisée avec de l’eau de javel et de la lessive, donne les tons clairs ou blancs. Parfois même, on trouve du rouge fabriqué à partir de décoction d’écorce de raisin sauvage.

 

Bogolan de Ségou

Bogolan à Ségou (photo de Mary Newcombe)

En Côte D’ivoire, les Sheynas de Khorogo procèdent de façon inverse pour réaliser les motifs. Plusieurs couches de teinture jaune sont appliquées au niveau des tracés et des surfaces des motifs. Les artisans redessinent ensuite les dessins avec de la boue avec une tige de palmier, ou bien le tissu est plongé entièrement dans un bain de boue diluée. Après lavage, seules les zones du tissu au préalable teintes en jaune devient noires, le reste du tissu redevient blanc (c’est à dire reprend la couleur d’origine du coton).

Les motifs sont inspirés de la nature et de la vie quotidienne en Afrique. Jusqu’aux années 70, le bogolan était réservé aux cérémonies rituelles tribales qui marquaient les différentes étapes de la vie d’un homme ou d’une femme. Les dessins protecteurs avaient donc un usage rituel précis. Maintenant que le bogolan est connu au de-là de ses frontières, les dessins symboliques ont laissé place à des motifs géométriques à fonction plus décorative. La fabrication du bogolan a donc dû évoluer pour répondre à un demande croissante, mais reste encore artisanale. 

Au Mali, la ville de Ségou est réputée en matière de bogolan.

L’atelier N’Domo véritable référence pour le bogolan contemporain, est situé dans cette ville. L’entreprise a été fondé par le designer Boubacar Doumbia en 2004. Avant cette création, le fondateur avait créé avec des amis le groupe Kasobane qui a contribué à faire reconnaitre la technique du bogolan comme une forme d’art. Bien plus que cela, il s’agit d’une entreprise sociale dont l’objectif est d’aider l’insertion de jeunes en difficultés. De plus, la démarche est respectueuse de l’environnement. Le coton utilisé est bio. Tout est recyclé, par exemple, l’eau des teintures est utilisé comme eau d’arrosage après décantation. Cet atelier, centre de conservation des arts traditionnels, voudrait transmettre l’art du bogolan et offre des formations au Mali ou à l’extérieur.

Soroble Centre est un autre atelier incontournable de Ségou. Il a été créé par l’artiste Souleymane Coulibaly qui a promu le bogolan dans la mode féminine et les accessoires. Il a reçu le prix de l’innovation par l’UNESCO en 2009. En plus de son activité, l’artiste a créé une école gratuite pour éduquer des enfants déshérités d’un village de brousse.

 

T-shirt bogolan

T-Shirt en bogolan (photo de Marian Bijlenga)

L’art ancestral du bogolan, en plus de son esthétisme, est vraiment un atout pour le développement de pays comme le Mali. J’espère que le travail accompli en la matière continuera son expansion…

Pour le plaisir des yeux, vous pouvez poursuivre le voyage sur ma page Facebook où j’ai créé un album photo au sujet du bogolan. Et si cela vous plait, vous invite à la “liker”… A bientôt !   

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